Trophée MAP : Remontée fantastique.
Bonjour à tous,
Deuxième course en solitaire de la saison, le trophée MAP
doit être pour moi l’occasion de juger de mon niveau avec un bateau qui paraît
enfin fiabilisé et nettement plus d’entraînement derrière moi que sur la Select
en Avril.
Le contrôles de sécurité, effectués sous une pluie qu’on
qualifiera de « locale » sont une formalité. L’expérience joue !
Je suis prêt bien avant le départ et je prends le temps de peaufiner le voilier
et de travailler assidument la navigation et la météo.
Le dernier jour, un rayon de soleil me permet de coller,
deux heures avant le départ, les autocollants aux couleurs de Diffuselec.
Ouf !
L’heure de prendre le départ est venue. Beaucoup plus serein
qu’habituellement, même si je reste préoccupé par le départ, moment angoissant
s’il en est, d’autant plus que le vent reste soutenu. C’est le moment le plus
risqué de la course, une collision étant toujours possible.
Mon départ s’avère catastrophique. Je négocie mal la houle
et rate un virement de bord à 3 minutes du départ. Le bateau se retrouve arrêté
face au vent et il me faudra plusieurs minutes pour le relancer dans la bonne
direction.
5 minutes après le top, je franchis enfin la ligne à la
barre de Zébulon, bon dernier…
Je suis furieux et je m’arrache lors de la remontée vers le
phare de La Vieille, qui marque la sortie de la baie de Douarnenez. Pour
m’épargner le courant, je choisis comme une bonne partie de la flotte de raser
les falaises au Sud de la baie. Le spectacle est sublime et j’en profite
pleinement sans pour autant lâcher la barre. J’aperçois au loin les voiles
décorés d’un ou deux concurrents de poids et je m’accroche à l’envie de les
rattraper.
Pour voir plus de photos, allez sur le site du photographe
Christophe Breschi, il y en a de magnifiques :
En sortie de baie, j’ai déjà doublé 6 à 7 concurrents. Le
paquet de tête, qui a envoyé le spi depuis un bon quart d’heure, est déjà loin
devant.
Commence une longue remontée le long des côtes de la
Bretagne Sud. A mon tour sous spi, je choisis de rester sur la route directe, pour
bénéficier du courant sans rallonger la route. J’irais sans doute légèrement
plus vite en prenant un peu plus à l’Ouest, comme la majorité des concurrents,
mais j’anticipe sur une rotation et un affaiblissement du vent, qui me
donneront un avantage de vitesse en fin de nuit.
La nuit est magnifique, les prévisions météos laissent entendre
qu’il y aura un bon moment pour dormir le lendemain après-midi, aussi je
choisis de ne pas lâcher la barre de la nuit. Ma vitesse est excellente, la
trajectoire choisie paye, et je vois tout au long de la nuit les feux
des voiliers concurrents défiler à mon vent comme sous mon vent.
Au petit matin, à l’approche de Groix, le vent mollit
franchement et je suis un des premiers à
mettre mon gennaker. Bonne inspiration qui me permet de définitivement recoller
au paquet de tête. Une trentaine de
bateaux doublés dans la nuit ! Impeccable !
Le moral est revenu et j’entame la portion vers le phare des
Birvideaux au près dans du vent faible. Epuisé, je ne barre pas efficacement
dans ces conditions qui exigent une concentration sans faille. Je confie donc
le bateau au pilote automatique et profite de ce répit pour dormir deux fois
dix minutes, m’alimenter copieusement, observer mes adversaires et régler mes
voiles au mieux.
Bien m’en prend car je choisis le bon côté du plan d’eau,
abrité du courant, et je remonte encore quelques bateaux. Au Birvideaux, je
passe dans les dix premiers, juste derrière Renaud Mary et devant Aymeric
Belloir. Ces deux coureurs sont pour moi des références de vitesse et c’est la
première fois que j’arrive à les accrocher comme ça. Le moral est au top avant
d’aborder la deuxième partie du parcours.
Les spis refleurissent pour la remontée vers l’Occidentale
de Sein tandis que le vent se renforce progressivement. Pendant une heure, nous
sommes bord à bord avec le 745, à 5 m l’un de l’autre. Au contact, comme sur
une petite régate de deux heures !
Une rotation du vent du Sud-Est au Sud-Ouest est prévue. Je
choisis cette fois de faire plus de route que la plupart de mes concurrents,
afin de garder un angle plus favorable par rapport au vent et une meilleure
vitesse à l’approche de l’île de Sein.
Ce choix ne m’apportera au final pas de gain significatif,
la rotation ayant tardé. Durant cette longue remontée, l’angle plus ouvert que
prévu par rapport au vent et le renforcement de celui-ci ne m’offrent pas la
possibilité de lâcher la barre… Bon, je dormirais donc après l’arrivée J Mais les vitesses
grimpent très vite et la moyenne dépasse allègrement les 10 nœuds. La course ne
va pas s’éterniser !
Je commets une petite erreur en gardant trop longtemps mon
solent (voile d’avant plate), en plus de mon code 5 (petit spi). Le bateau est
dur à barrer, chargé à l’avant, il pousse de l’eau au lieu de planer sur les
vagues. Comme la vitesse est déjà impressionnante, je ne me pose pas les bonnes
questions et perd pas mal de terrain. Fort heureusement, un autre bateau me
double et je réalise mon erreur. Aussitôt rectifiée, le bateau est soulagé,
l’étrave se relève et je gagne quasiment deux nœuds de vitesse !! La
fatigue a sans doute joué son rôle dans ce manque de lucidité et cette mauvaise
gestion pendant plus de deux heures me fait sans doute perdre une place dans
les dix premiers.
A vrai dire, à cet instant, la visibilité qui s’est bien
dégradé ne permet plus de voir les concurrents qui ont choisi la route directe
et pense être bien plus mal classé, peu de bateaux ayant opté pour une
trajectoire aussi au large.
Mais les surfs qui s’enchaînent rendent la navigation
grisante et je reste motivé malgré la fatigue qui commence à se faire sentir.
Le passage de l’Occidentale de Sein annonce les dernières
heures de course. La mer s’est levée, la houle d’Ouest rentre et le vent est
encore monté d’un cran. Il va falloir
que j’empanne (virage du bateau où la direction du vent par rapport à l’axe de
celui-ci change, en passant par l’arrière). Mais je ne suis pas certain que le
code 5 soit la voile adaptée pour le bord suivant. J’affale donc celui-ci avant de changer
d’amure, puis renvoie un gennaker. Bonne décision ! Le vent rentre
franchement avec le front froid qui
arrive sur nous. Il pleut, les rafales atteignent les 35 nœuds ( 65 à 70 km/h) et la voile s’avère parfaitement
adaptée.
Le bateau vole sur l’eau, de vague en vague, en rebondissant
sur les crêtes. La vitesse moyenne approche les 13 nœuds, avec des pointes à 16
nœuds. Les embruns passent sur le pont par dizaines de litres. Pour maintenir
le bateau à plat, je matosse à l’extérieur les spis dans leurs sacs qui se
gorgent d’eau et font contrepoids. Un masque et un tuba ne seraient pas
superflus. C’est humide (euphémisme), mais on peut difficilement faire plus
rigolo sur un bateau à voile. Un plein de sensations bienvenu pour maintenir
l’énergie nécessaire jusqu’à la ligne d’arrivée.
L’avant dernier bord, vers la bouée Basse Vieille qui marque l’entrée de la baie de Douarnenez est
un calvaire d’une heure. Plus proche du vent, le bateau gîte terriblement et cogne
violemment dans les vagues. Tout sauf agréable.
Nous attaquons à trois bateaux les dix derniers miles vers
la ligne d’arrivée. La nuit tombe complètement et mes deux adversaires
entreprennent de me dépasser. Je me rends compte que l’un d’entre eux a renvoyé
son gennaker et j’en fais immédiatement autant. Je dépasse le premier des deux
et reviens fort sur le précédent, à
moins d’un mile de la ligne. C’est alors qu’un bout casse sur mon bateau. Le
bout-dehors se relève, le gennaker devient trop puissant et met le bateau en
vrac. Proche de la côte, je suis obligé de laisser le gennaker se replier sous
le vent pour libérer de la puissance et reprendre immédiatement le contrôle du
bateau avant les rochers. Ce faisant, je perds l’opportunité de dépasser le 745
et laisse la porte ouverte au 832 qui en profite logiquement.
La course se termine donc sur une très belle 16ème
place en série (48 partants) à seulement 1 h 24 minutes du premier, après 32
heures d’une course magnifique, où je me suis régalé malgré seulement 20
minutes de sommeil et un départ catastrophique.
Un vrai plaisir, tant pour la glisse omniprésente et les
vitesses folles atteintes que pour le contact permanent avec les copains.
Tous mes remerciements à :
Diffuselec, premier sponsor à rejoindre l’aventure.
Le port de La Rochelle pour ses conditions d’accueil
privilégiées
Navigatlantique, le meilleur schipshandler de l’Ouest, à La
Rochelle.
PrépaNautic, qui a fait un boulot fantastique sur la carène
cette hiver et dont les conseils sont précieux.
L’association des anciens élèves de l’EPF (école
d’ingénieur) qui me soutient en communiquant sur mon aventure auprès de son
réseau.
Le Stade Français, pour son soutien de toujours
Mes Kissbankers de la première heure, initiateurs d’un
mouvement de fonds ;)
Chritophe "Belou" Breschi pour les photographies magnifiques de nos voiliers
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